
Interférences – Yoss

De science-fiction, il est un peu question, si on considère que les faits relatés sont vraiment extraordinaires : un poste de télévision qui se met à prévoir le futur (« Les Interférences »), des êtres humains qui se transforment en pièces d’engins spatiaux (« Les Pièces »), des cheminées d’usines qui deviennent les plus hauts artefacts jamais construits (« Les Cheminées »).
Cependant, il est clair que ces textes sont surtout prétextes à critiques du grand comme du petit pays. Critiques ironiques et sarcastiques, extrêmement drôles qui renvoient dos à dos les pratiques économiques, politiques et idéologiques des deux ennemis, sans finalement sauver l’un ou l’autre. Pas de mise au pilori du communisme ou de dénonciation de l’impérialisme américain, Yoss fait bien plus intelligent que ça. Il ridiculise habillement tout le monde en donnant à réfléchir au lecteur. Il donne à rire aussi et tout le temps de cette lecture, on ne peut s’empêcher d’arborer un petit sourire de contentement tant il y a d’habileté dans le propos.
Et puisque le lecteur français connaît mal Yoss et la science-fiction cubaine en général, la collection Rivière Blanche enrichit ces textes d’une interview de l’auteur par sa traductrice, nous renseignant ainsi sur ses influences, sur l’état du genre à Cuba et bien sûr, sur l’accueil réservé à de tels écrits.
D’autres « bonus » (photos, biographie, textes) font de ce livre bien plus qu’un « roman novelliste ».
Interférences, Yoss, traduit de l’espagnol par Sylvie Miller, Black Coat Press (Rivière Blanche), novembre 2009, 171 pages, 16€


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