
Genesis – Bernard Beckett

Anaximandre est donc interrogée sur rien moins que le mythe fondateur de sa civilisation (postérieure donc à la République de Platon). Grâce à sa présentation, le lecteur apprend donc ce qu’il est advenu du monde tel que nous le connaissons et comment quelques hommes en sont venus à se retrancher sur un archipel derrière une grande barrière pour échapper à une sorte de peste qui décimait le reste de la population mondiale. Adam Forde est celui qui a désobéi au régime en refusant, tout soldat qu’il était, de tirer à vue sur une femme dérivant sur un radeau. Il a dès lors été emprisonné avec Art, un robot à l’intelligence extrêmement développée, à tel point d’ailleurs qu’homme et machine vont avoir des discussions très poussées sur la nature humaine, l’intelligence et la volonté. La conscience fait-elle l’homme ? Une machine peut-elle penser ? Peut-elle agir indépendament d’un programme ? C’est plus qu’une discussion entre Art le robot et Adam Forde, c’est un débat dont on sent bientôt l’importance pour le monde dans lequel vit Anaximandre.
Ce Bernard Beckett réussit quand même l’exploit de rendre intéressant des débats extrêmement philosophiques. Ce qui est d’habitude rébarbatif devient aussi prenant qu’un roman policier car on sent bien, grâce à l’attitude d’Anaximandre et des examinateurs que se joue entre les deux protagonistes quelque chose de fondamental pour l’avenir de la société, voire même de l’humanité. Et on n’est pas déçu à l’arrivée.
Jolie performane donc, qui s’inspire à mon avis de romans célèbres dans le genre qui nous préoccupe mais qu’il est préférable de taire sous peine de gâcher la surprise.
Je vais tenter de prêter ce livre à la prof de philo de mes filles, elle qui essaie de leur faire passer la matière grâce au cinéma (Matrix, Agora ). J’espère qu’elle sera sensible à ce livre-là.
Genesis (2006), Bernard Beckett traduit du néo-zélandais par Laetitia Devaux, Gallimard Jeunesse, septembre 2009, 185 pages, 11,50€

