
Les dames du lac – Marion Zimmer Bradley
Soyons clair dès le départ : Marion Zimmer Bradley a eu une idée de génie en faisant raconter l’histoire du roi Arthur et de ses chevaliers par les héroïnes de la légende. L’émergence de la religion chrétienne qui peu à peu étouffe les traditions ancestrales est un thème majeur du roman, du cycle d’Avalon en général, et souligne l’ambiguïté de l’époque en donnant aux héros une consistance psychologique que par ailleurs leur dénie le récit. Car soyons juste : si le traitement de la légende est original de part son point de vue, sa mise en oeuvre est extrêmement mièvre.
Ces dames, Ygerne, Morgane, Guenièvre ne pensent qu’à ça, tout le temps, et quand est-ce qu’il va revenir leur beau chevalier, et quand est-ce que je vais enfin pouvoir m’abandonner dans ses bras puissants… Un exemple, entre mille (au moins) : « il l’attira dans ses bras et, de nouveau, elle laissa aller son visage au creux de l’épaule du jeune homme. A travers sa tunique, elle sentait battre son cœur, et une même chaleur, née de leurs deux corps, les unissait intimement. Oui, pourquoi cette journée devait-elle s’achever ? Pourquoi appartenait-elle à la Déesse ? Pourquoi ?… »
Et c’est quasiment une des scènes les plus torrides du roman, que l’on retrouve toutes les dix pages. En lisant cette peinture des mœurs féminines à la cour du roi Arthur, on se dit que ces messieurs avaient bien raison de reléguer ces dames à leur couture. Brunehaut, Alienor, Jeanne : où êtes-vous ?
Il n’en reste pas moins que vous devez avoir ce roman sur vos étagères, chères collègues, car 1/ Marion Zimmer Bradley est un grand nom des littératures de l’Imaginaire ; 2/ Elle raconte bien ce genre d’histoires ; 3/ Il faut toujours avoir sous le coude une alternative à Barbara Cartland…
Les dames du lac (1982), Marion Zimmer Bradley traduite de l’anglais (américain) par Brigitte Chabrol, Le Livre de poche n°6429, 1989, 442 pages, 6.10€

