
Le jour des Morts – Jean-Pierre Andrevon
Quel étrange texte nous offre Jean-Pierre Andrevon, à la fois pudique, étrange et dérangeant sur la mort.
Le lecteur pénètre dans l’intimité de la famille d’Alain, vingt-quatre ans, le narrateur, en ce jour spécial qu’est le jour des Morts. Une fois l’an en effet, les morts sortent de leurs tombes et viennent visiter leurs proches restés en vie. Alain attend (ou redoute) la venue de ses grands-parents et surtout de sa mère, morte quand il avait quinze ans. Alors que la ville se fait silence et immobilité, comme enveloppée d’un suaire, les deux petits vieux arrivent, tels des statues de boue, suivis de Dominique, la mère d’Alain. La cérémonieuse journée commence par une embrassade, suivie d’une parodie de repas. Excédé Alain s’en va et retrouve Maeva, décédée un an auparavant et revenue d’entre les morts alors que personne ne l’attend.
Jean-Pierre Andrevon exprime avec beaucoup de délicatesse l’angoisse de l’être humain face aux morts qui lui ont été chers, la peine, mêlée du regret de les avoir perdus, mais aussi de la hantise de les voir revenir de ce monde que l’on voudrait ne pas côtoyer. Que la mort approche, que nos chers disparus nous reviennent et voilà que nos certitudes basculent. Chacun se livre à un sinistre simulacre où morts et vivants restent plus que jamais lointains. Alain qui croit avoir retrouvé son amour perdu se heurte à l’absence et au charme délétère du vide.
Dans une langue sobre et pudique, Andrevon touche le coeur de nos contradictions et de nos peurs.
Jean-Pierre Andrevon sur Mes Imaginaires
Le jour des Morts, Jean-Pierre Andrevon, Eden (Fictions), novembre 2003, 56 pages, 7€

