
Hex – Thomas Olde Heuvelt
Si Stephen King nous dit que c’est « brillant et totalement original », faut-il le croire ? Non bien sûr, un blurb est un blurb, soyons lucides… Hex est cependant tentant car il met en scène une sorcière dans l’Amérique contemporaine : peut-on faire du neuf, de l’original avec un thème aussi rebattu ?
Par certains aspects, Hex est typique de la fiction américaine : une petite ville tranquille, une famille (mère dévouée, père aimant mais ah, que c’est dur d’être parents), des adolescents. Le bizarre est présent dès le début, le plus que bizarre même : la ville de Black Spring dans la vallée de l’Hudson est fermée, par les temps qui courent on dirait même confinée. Nul ne peut en sortir sous peine de graves syndromes de manque et nul ne peut y entrer s’il souhaite en sortir. L’essayer c’est l’adopter ! Tout ça à cause d’une sorcière qui depuis le XVIIe siècle hante l’endroit.
Il ne faut pas qu’à l’extérieur on devine la présence de cette sorcière car Black Spring verrait déferler des hordes de journalistes et de curieux et serait dès lors menacé de disparition. Lorsque de très rares touristes visitent la ville, il faut donc mettre en place un certain nombre de subterfuges pour cacher la sorcière qui peut se manifester inopinément. Ce jeu de cache-cache donne une touche d’humour au roman. Son apparence est cependant glaçante puisqu’elle a les yeux et la bouche cousus. Elle peut apparaître n’importe où, se matérialisant dans une chambre à coucher ou au beau milieu d’un repas de famille. Même si les habitants sont parvenus à s’y habituer, ça casse quand même l’ambiance…
De l’humour on passe progressivement au sordide puisqu’une bande d’adolescents décide de s’en prendre à la sorcière. Déversoir de toutes les frustrations de cette belle jeunesse confinée, la sorcière est martyrisée et souffre en silence.
D’emblée la sorcière apparaît comme une victime, bien sûr. Difficile aujourd’hui d’écrire un roman où la sorcière serait effectivement une femme maléfique. Victime donc de la haine populaire, de l’ignorance et de l’étroitesse d’esprit. Rien de bien nouveau.
Si j’ai bien compris, Hex a été écrit en néerlandais et se passait à l’origine aux Pays Bas. Succès aidant, il a été traduit en américain et l’action s’est transposée aux États-Unis. La traduction que nous lisons en français est issue de cette seconde version. L’ambiance et l’écriture sont donc très américanisée, ce qu’on peut regretter tant on a à disposition de romans horrifiques américains. La version néerlandaise aurait donc conféré à Hex un brin d’originalité.
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Hex (Hex, 2013), Thomas Olde Heuvelt traduit de l’anglais (américain) par Benoît Domis, Bragelonne (L’Ombre), septembre 2017, 384 pages, 20€ (existe en poche)

3 Comments
keisha
Je ne comprends pas : les touristes ignorants peuvent arriver et repartir, alors?
Sandrine
Oui, pour que ce soit moins suspect, on les laisse entrer. Il y a un système de surveillance hyper perfectionné pour repérer où la sorcière apparait et dès qu’elle est localisée, des habitants se rendent sur place et font diversion (par exemple ils sont eux aussi habillés en sorcière, ou bien il font croire à une reconstitution historique). Mais le tourisme est fortement réfréné…
Karine
Quoi? Transposé à la traduction? Je pense que je vais passer, juste pour ça.