
Le marteau de Thor – Stéphane Przybylski
A l’issue du Château des millions d’années, nous avions laissé Saxhäuser en train de couler au large de Madère. Souvenez-vous, cet agent du SD (service de sécurité nazi), ancien garde du corps de Hitler auquel il a sauvé la vie, a trouvé en Irak de bien curieux objets. Dont une probable arme très puissante, capable en cet automne 1939 d’orienter le cours de la guerre. Cette arme se compose d’une fiole (remise à Himmler) et d’un bracelet passé au bras d’un extraterrestre momifié. Tout le monde cherche à s’emparer du bracelet et donc de la momie, raison pour laquelle le bateau de Saxhäuser a été intercepté par les Britanniques.
Je résume tant bien que mal en quelques mots une situation très complexe. Car Le marteau de Thor, deuxième opus de la Tétralogie des Origines grouille d’espions, d’agents doubles et d’organisations secrètes. Tous, maintenant que la guerre a commencé, ont bien l’intention de la gagner et donc de mettre la main sur ce que Saxhäuser a découvert dans le désert irakien même si on ne sait pas bien de quoi il s’agit.
Le lecteur lui sait. Enfin plus ou moins. Car Saxhäuser, qui n’est pas mort (non, c’est le héros de l’histoire), n’est pas au mieux de sa forme en raison du liquide qu’il s’est injecté (jamais bon ça Friedrich de s’injecter des trucs verdâtres comme ça…). Dans un premier temps, ça a décuplé ses forces mais ça semble à présent le ronger. Heureusement pour lui, les extraterrestres à l’origine du mystérieux objet semblent tenir à lui. Ils l’ont en effet repêché et lui expliquent que leur planète est en train de mourir et qu’ils en cherchent une nouvelle à coloniser. Dans la joie et la bonne humeur expliquent ces premiers envoyés. Le problème étant que sur leur planète, tout le mode n’est pas d’accord avec ce principe de colonisation pacifique…
Il est cependant beaucoup moins question de petits hommes verts (et de Saxhäuser) dans Le Marteau de Thor que de guerre. Le lecteur suit à la trace les divers protagonistes, en particulier un trio d’Allemands (dont une lady d’origine danoise, bon…) bien décidés à récupérer la prétendue arme. Ils entendent pour ça donner l’assaut à la forteresse du Devonshire où la momie est conservée. Pour nous raconter cet assaut, Stéphane Przybylski choisit un récit hyper dynamique qui multiplie les points de vue. Le lecteur suit à la fois l’attaque des Allemands et la défense des Britanniques, sans jamais s’embrouiller. Le procédé est repris lorsque ces mêmes Britanniques traquent les assaillants dans la lande.
Ces récits éclatés laissent en plus la place à une série de flash-back qui éclairent les décisions des divers personnages et complètent les différents portraits. Parce que les personnages sont de plus en plus nombreux, notamment avec l’entrée des Américains dans l’affaire (pas dans le conflit mondial, non, pour ça il faudra encore attendre quelques années). Qui sont-ils et que veulent-ils exactement ? Mystère… Et quel crédit faut-il accorder aux délires mystico-aryens d’un échappé de l’asile devenu officier SS ?
Au final, l’intrigue n’a guère avancé dans le temps puisqu’elle débute en septembre 39 pour se terminer en octobre… Il devient pourtant clair que Saxhäuser connaît une « brusque altération de ses convictions nationales-socialistes » ce qui ne peut que nous le rendre sympathique. L’empathie n’est cependant pas un critère puisque nombre de personnages de ce roman sont délicieusement détestables (Maud Alten, Hans Ziegler…).
Si on peut être parfois un peu submergé de détails et de personnages (je n’étais pas mécontente d’avoir conservé mon petit papier de notes du tome 1), ce deuxième volume emporte le lecteur d’Allemagne en Grande-Bretagne, d’une époque à l’autre sans jamais le perdre. Stéphane Przybylski manipule l’Histoire pour y introduire ses extraterrestres. Ce qui n’est pas chose aisée, on a vite fait de tomber dans le grand n’importe quoi avec ces créatures…
Stéphane Przybylski sur Mes Imaginaires
Tétralogie des Origines – 2 : Le marteau de Thor, Stéphane Przybylski, Le Bélial’, novembre 2015, 474 pages, 20€


9 Comments
keisha
Le mot Tétralogie suffit à me refroidir, hélas. mais je lis avec plaisir tes chroniques (pleines d’humour)
Sandrine Brugot Maillard
Le premier tome est sorti en février, le deuxième en novembre. Une tétralogie qui pourrait donc être bouclée en deux ans, moi je dis que c’est vraiment bien, même pour les impatientes comme toi 😉
Lutinesque Lutin
J’ai bien aimé également et suis impatiente pour le n° 3!
J’avais trouvé quelques falshbacks inutiles, mais à la marge. AUtrement la même impression pour moi que dans ta chronique.
Au cas ou :
http://lmauget.wix.com/albedo#!blog/cwcx/tag/przybylski
Sandrine Brugot Maillard
Je crois que nous n’aurons pas à attendre trop longtemps le tome 3 et c’est tant mieux avec tant de personnages et d’action (ou alors je lis trop, ou alors je vieillis, mais parfois, je ne serais rien sans toutes mes notes…).
Lutinesque Lutin
Oui, le tome 3 pointe à l’horizon! En revanche, le tome 4….
Non, ce n’est pas l’âge, c’est la densité du truc. Faut le lire sur une période courte, sinon, il faut un manuel d’histoire et non plus des notes!
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Arnaud
D’accord avec toi sur ta chronique de ce deuxième tome de la Tétralogie des origines. C’est clair qu’il faut aimer l’histoire pour s’y retrouver et être plutôt réveillé en le lisant 🙂
À quand la chronique du 3e tome « Club uranium » ?
Sandrine Brugot Maillard
Bientôt, disons avant la fin de l’année… Bienvenue ici Arnaud !
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