
Monsieur Mozart se réveille – Eva Baronsky
L’an passé, avec Il est de retour, nous avons malheureusement assisté au retour de Hitler. Aujourd’hui, c’est encore à un auteur allemand que l’on doit de redonner vie à un homme qui a marqué l’Histoire, bien plus inoffensif celui-là : Wolfgang Amadé Mozart. Oui, Amadé et non Amadeus, il y tient.
Alors qu’il vient juste de passer de vie à trépas en cette terrible nuit de décembre 1791, le voilà qui se réveille avec une belle gueule de bois dans un appartement viennois, entouré de pochards de son espèce. Il est assez déboussolé, ne reconnait rien ni personne, surtout pas ses compagnons de beuverie. Mais enfin, il a sous la main de quoi écrire, alors il se met à terminer son requiem, juste là où il en était avant de ne plus se souvenir de rien. Il lui faut pourtant bientôt quitter cette chambre, cet appartement, pour se retrouver dans la rue, sans toit, sans personne.
Wolfgang rencontre alors Piotr, musicien polonais qui joue dans la rue, parfois dans des clubs. Piotr comprend tout de suite qu’il a affaire à un musicien de génie, compositeur hors pair et s’emploie à lui trouver du travail ; il le prend même chez lui. Mais ce Wolfgang est décidément bien léger, oublieux et tête en l’air. Il pense aux femmes, mais surtout à la musique, tout le temps la musique et en oublie ses rendez-vous. Aider cet hurluberlu est un vrai sacerdoce, d’autant plus qu’il a vraiment l’air à côté de ses pompes…
Comme on peut s’y attendre, la réapparition de Mozart en plein XXIème siècle engendre gaffes et quiproquos qui donnent à ce roman la légèreté d’une comédie. Mozart est un feu-follet qui ne se soucie de rien et s’agite beaucoup, pas forcément pour son bien. Il tombe vite amoureux, se désespère très rapidement pour partir d’un éclat de rire peu après. Peu à peu pourtant, le portrait se fait plus sombre car il n’y a décidément pas de place aujourd’hui pour un homme qui n’est que musique, surtout quand il finit par avouer qu’il est Mozart.
Il ne manque à ce plaisant roman qu’une bande-son : Mozart improvisant sur des accords de jazz, ça mérite certainement le détour !
Monsieur Mozart se réveille (Herr Mozart wacht auf, 2009), Eva Baronsky traduite de l’allemand par Nelly Lemaire, Piranha, 2015, 279 pages, 18€


6 Comments
manU
Ces « retours » ne me tentent guère…
Sandrine Brugot Maillard
Je ne sais s’il s’agit d’une mode outre Rhin mais le genre a l’air de bien fonctionné. Ce titre-là est bien sûr moins polémique que celui sur Hitler…
keisha
Terminer le Requiem? Bonne idée. Ce titre me dirait bien, tiens, j’aime beaucoup Mozart (le genre qu a vu cinq fois Amadeus, le film, et a écouté toutes ses oeuvres au moins une fois)
Sandrine Brugot Maillard
Alors effectivement, tu devrais apprécier : c’est léger, puis un peu plus sur la fin.
A_girl_from_earth
Ouhlala trop tentant ! J’adore Mozart, j’avais adoré le film Amadeus, le concept de cette intrigue me plaît bien. Quel dilemme, je voulais lire le « Il est de retour » dans le cadre du challenge UE Allemagne, mais là, celui-ci risque de passer avant !
Sandrine Brugot Maillard
Celui-ci est beaucoup plus léger, et si tu aimes Mozart, sa personnalité, tu devrais aimer.