
Rouge gueule de bois – Léo Henry
Une chose est sûre : quand on ouvre un livre édité par La Volte, on se trouve face à un livre différent de tout ce qui se publie ailleurs. Différents par la forme, iconoclastes, décalés, voire dérangeants, les ouvrages de cette maison d’édition s’ils ne plairont pas à tout le monde ne pourront qu’interroger les lecteurs assez téméraires pour s’y risquer. Léo Henry choisit l’humour multi référencé pour son premier roman, c’est risqué, ça m’a parfois rappelé l’humour délicat d’un Christopher Moore, avec soucoupes volantes en prime.
Arizona, été 1965. Alors que Buzz Aldrin est le premier homme à marcher sur la lune, Fredric Brown, célèbre auteur de science-fiction, est au bout du rouleau, complètement imbibé et dépendant. Il rencontre dans un bar Roger Vadim, célèbre metteur en scène français et tous deux décident de commettre le crime parfait. Brown perd de vue Vadim, mais pas son super plan qui lui rappelle le temps où son imagination galopait. Il décide de tuer son adorable femme, qui tape à deux doigts son autobiographie laborieuse, mais pour ça, il lui faut un alibi.
Alors pourquoi ne pas kidnapper son sosie et le faire passer pour lui ? C’est à peu près là, si ce n’est avant, que tout dérape car il va boire un coup avec l’un, avec l’autre, se fait arrêter sur la route et en prime quasi violé par Barbarella qui vient d’atterrir dans sa soucoupe volante. Et il n’est pas au bout de ses peines puisqu’il va aussi avoir à faire aux Hell’s Angels cannibales de Yuma, à un faux agent du FBI et à un hôtel hanté où dansent les morts… tout ça en compagnie de Vadim et sur fond d’apocalypse parce que oui, petite précision : c’est la fin du monde…
Martiens, go home ! étant le premier livre de science-fiction que j’ai lu, j’ai cru un temps que la science-fiction, c’était drôle…. Eh bien non, le plus souvent, entre dystopie et post-apocalypse, on ne rit pas beaucoup. Pas de raison donc de ne pas lire ce petit roman dont l’humour n’est certes pas d’une grande légèreté mais dont les situations sont tellement improbables qu’elles emportent l’adhésion. Sur le mode du road movie, Brown et Vadim traversent les États Unis gagnés par l’entropie alors que naît entre eux une belle et virile histoire d’amitié. Beaucoup de nostalgie dans ces pages et de références aux grandes années de la SF américaine. Aussi sympathique que dynamique.
Léo Henry sur Mes Imaginaires
Rouge gueule de bois, Léo Henry, La Volte, mars 2011, 333 pages, 18 €

