
L’enchanteur – René Barjavel
On connaît les talents de conteur de Barjavel. Il les met ici au service de la légende arthurienne, de sa légende arthurienne, faite de compilation et d’imagination. Les principaux personnages sont là : Merlin bien sûr, et la douce fée Viviane, la dame du Lac qui veille sur Lancelot comme sur son propre fils ; Morgane la maléfique et Guenièvre l’amoureuse ; Gauvain, Keu, Perceval et le pur Galaad…
On reste cependant sceptique devant quelques oublis et anachronismes (humoristiques sans doute, mais tout de même…) : Lancelot, le célèbre chevalier à la charrette, ne monte pas dans la charrette, car il ne la croise pas, la reine Guenièvre n’ayant pas été enlevée… il est retenu prisonnier par la lubrique Morgane (dont le château n’est rien moins qu’un lupanar) et ne revient que pour tuer Arthur et arracher la reine au bûcher. Pendant ce temps, la vieille Bénigne mange des boîtes de conserve de cassoulet et de couscous fournies par Merlin…
Tout cela est inutile et bien dommage, même si le roman de Barjavel fait la part belle aux histoires d’amour (Merlin – Viviane, Lancelot – Guenièvre, Perceval – Bénie) plus romantiques que médiévales. On déplore l’absence quasi totale du merveilleux Mordret et l’inanité des scènes de combat. Bref, une compilation arthurienne plutôt ratée…
René Barjavel sur Mes Imaginaires
L’enchanteur, René Barjavel, Gallimard (Folio n°1841), 2002, 470 pages (éd. originale : Denoël, 1984)

