
Le chevalier de Wielstadt – Pierre Pevel
Nous retrouvons pour la troisième fois le mystérieux chevalier Kantz, justicier de la ville de Wielstadt en un 17ème siècle belliqueux. Si cet opus désigne en son titre le chevalier lui-même c’est parce que nous en apprenons enfin plus sur le passé et donc la personnalité de ce héros austère et secret.
Cet homme, si l’on peut dire, est protégé par le Pèlerin, nommé Michel, qui semble l’avoir envoyé à Wielstadt. Il a, par le passé, été prêtre, ce dont on se doutait, et il a aimé une femme qui réapparaît brusquement alors que Wielstadt vit dans la crainte du sanglant Voleur de visage. En effet, plusieurs jeunes filles ont été retrouvées assassinées, la peau du visage rituellement découpée. Malgré les moyens mis en oeuvre par Regenhalt, le lieutenant criminel, les crimes se succèdent, créant en ville un climat d’angoisse et de terreur. Alors que les élections approchent, le rosicrucien Sturger risque sa place de bourgmestre si l’assassin n’est pas retrouvé. La Sainte-Vehme et ses pratiques expéditives et sanglantes prendraient alors le contrôle de la ville…
Aucun doute, ce volume est le meilleur du cycle de Wielstadt. Très bien documenté, ce roman promène le lecteur dans les rues sordides et les hôtels luxueux d’un Saint Empire ressuscité. Le héros, à la fois justicier et enquêteur, y acquiert de l’épaisseur et de la crédibilité au fur et à mesure que son passé se dévoile. De plus, considérable amélioration, Pevel abandonne (un peu seulement…) son ton didactique qui donne au lecteur l’impression qu’on veut lui apprendre quelque chose. Mais le lecteur n’est pas toujours aussi ignorant que l’on croit. Par exemple, on sait bien que les maisons d’habitation des villes au 17ème siècle étaient en majeure partie construites en bois, et que donc, un incendie s’y étendait très facilement ; pas la peine de nous l’expliquer en détail. Mais il faut reconnaître que ce défaut se fait rare et que l’histoire gagne donc en fluidité et en intensité dramatique. Le prochain opus sera certainement parfait.
Pierre Pevel sur Mes Imaginaires
Le chevalier de Wielstadt, Pierre Pevel, Fleuve Noir, février 2004, 316 pages, 15€

